Cette
Autorité d'information financière (AIF) voit le jour dans le cadre
d'une loi («motu proprio»), qui devrait permettre à terme au Vatican de
se mettre en conformité avec les normes internationales de lutte contre
le blanchiment et intégrer «la liste blanche» de l'OCDE et du GAFI.
Dans une «lettre apostolique» exposant les motifs de cette loi, le pape
affirme «d'ailleurs approuver l'engagement de la communauté
internationale «pour prévenir et lutter contre le phénomène du
blanchiment et du financement du terrorisme». «Le Saint-Siège entend
faire sienne ces règles», ajoute-t-il.
Pour le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi, «cela
permettra d'éviter à l'avenir ces erreurs qui deviennent si facilement
motif de 'scandale' pour l'opinion publique et pour les fidèles».
«En somme, l'Église sera plus crédible face à la communauté internationale et ses membres», s'est-il réjoui.
La banque du Vatican, l'Institut des Oeuvres religieuses (IOR), a été
au centre d'un scandale retentissant dans les années 1980, provoqué par
la faillite en 1982 de la banque italienne privée Banco Ambrosiano,
dont l'IOR était le principal actionnaire.
À l'époque, «le banquier de Dieu», Mgr Paul Marcinkus, à la tête de
l'IOR, avait été mis en cause dans l'enquête sur la faillite de cette
banque dont le dirigeant Roberto Calvi avait été retrouvé pendu sous un
pont de Londres.
L'enquête avait montré que la banque recyclait l'argent de la mafia
sicilienne, en relation avec la loge maçonnique illégale P2 travaillant
pour la CIA.
Depuis, une Commission cardinalice de vigilance, présidée par le numéro
deux du Vatican, le cardinal Tarcisio Bertone, avait déjà été mise en
place.
Mais l'AIF, dont le président sera nommé par le pape, «doit être
considérée comme indépendante, elle doit agir de façon autonome», a
assuré le père Lombardi, qui y a vu «une réalité nouvelle pour le
Vatican».
L'Agence pourra échanger des informations concernant des opérations suspectes avec les autorités d'autres pays.
Outre la création de l'AIF, la loi prévoit des peines pour différents
délits: recyclage (jusqu'à 12 ans de réclusion et 15 000 euros
d'amende), terrorisme (jusqu'à 15 ans de prison), délit d'initié,
contrebande, trafic de drogue.
Elle s'applique à tous les organismes ayant une activité économique ou
financière au Vatican: l'IOR et l'APSA, qui gère l'important patrimoine
immobilier du Vatican, mais aussi toutes les congrégations et même les
commerces présents sur le plus petit État du monde (musées,
pharmacies...).
À la mi-septembre, le président de l'IOR, Ettore Gotti Tedeschi, et un
autre haut dirigeant avaient été placés sous enquête pour violation
d'une nouvelle loi italienne antiblanchiment.
Ces deux responsables ne sont toutefois pas soupçonnés de blanchiment
d'argent sale. Il leur est reproché des omissions sur des mouvements de
fonds d'un total de 23 millions d'euros, qui sont aujourd'hui gelés par
la justice italienne.
Mais le père Lombardi a souligné qu'il n'y avait «aucun rapport direct»
entre cette affaire et la promulgation de la loi, qui découle de la
mise en oeuvre d'une convention monétaire avec l'Union européenne
signée en décembre 2009.